La ménagère de moins de 50 ans en gilet jaune
Vous aurez sans-doute remarqué que dans le business, les questions sociales ou politiques sont étrangement absentes. Elles n’existent pas. Vulgaire. So old world. Du lundi matin au vendredi soir, nous vivons entre nous, premiers de cordée du marketing et de la com, hyper connectés à la life mais hyper déconnectée de la vie.
Le samedi, dès que la success life du bizz est derrière nous, il faut faire face à réalité. La nôtre tout d’abord (#çanevousregardepas), mais aussi celle des autres ensuite : les gilets jaunes par exemple. Depuis un mois, les chasubles phosphorescentes ont non seulement pris d’assaut les ronds-points de France et de Navarre, sans oublier celui des Champs-Élysées, mais ils trustent aussi tous les médias. Les journalistes, les chroniqueurs, les sociologues, les économistes, les observateurs de de tout poil les dissèquent au scalpel, les auscultent au scanner, les décryptent au rayon x pour savoir ce qu’il y a à l’intérieur de ces bestioles, de ce corps social monochrome et luisant. Ils essaient de comprendre ce que tout ce barnum fluo veut dire. Les politiques de tout bord les courtisent plus ou moins maladroitement. Les français les soutiennent dans des proportions insolentes. De sondage en sondage, ils sont de plus en plus nombreux à exprimer leur sympathie envers eux. Plus de 80% les cautionnent désormais. Et nous, les top guns du marketing, les kings de la com, les virtuoses du digital, nous faisons quoi ? En gros et dans les grandes lignes, on s’en balance. On s’en tape. On s’en contre-fout. Car nous autres les winners de la start-up nation, on n’a pas trop le temps de nous occuper de ces choses-là (#autrechoseàfoutre). On a des objectifs de vente à atteindre, des plans marketing à déployer, de la communication à créer, des sites à développer, des media-plans à construire et un tas d’issues à adresser.
Certes.
Et bien, voyez-vous, nous serions bien inspirés de nous y intéresser un peu plus et d’embrasser sans réserve la cause pantone 102U. Et tout cela, pour une simple raison : le pouvoir d’achat. Les gilets jaunes se battent pour leur pouvoir d’achat et, dans pouvoir d’achat, il y a « achat ». Toute la semaine, nous faisons les marioles en réunion, à grand renfort de mails, ou au bout de nos iphones, pour essayer de vendre nos produits ou ceux de nos clients. Or si le pouvoir d’acheter décroît, les gens n’achètent plus (#misterdelapalice). Ce que les médias ont oublié de vous dire, c’est que les gilets jaunes ce sont les ménagères de – de 50 ans flanquées de leurs maris (#bonsangmaisc’estbiensûr). Votre cible, désormais, c’est «gilet jaune de moins de 50 ans » ou « gilet jaune de 35 ans avec enfants ». Certes, je vous rassure tout de suite, la ménagère en gilet jaune regarde encore la TV, utilise internet, s’abrutit sur son mobile comme avant, mais elle achète moins. Normal, elle n’arrive plus à boucler les fins de mois. Par conséquent, elle craque de moins en moins sur votre promo, sur vos nouveautés. Votre toute nouvelle campagne de bannière pourrait être moins performante, votre pub moins engageante, votre opé anniversaire un flop, sans parler de votre lancement de l’année qui pourrait être la lose de la décennie. Que faire alors ? Pas grand-chose. Ceci étant dit, si j’étais vous, je ferais comme le reste des français, je les soutiendrais et défendrais activement leurs revendications (#DMetGJmêmecombat). Car si le pouvoir d’acheter des individus en jaune dégringole (#lesgiletsjaunes=lesfrancaismoyens), ce sont nos activités qui plongeront dans le rouge et notre pouvoir d’achat à nous qui sera menacé (#nonjeveuxpasperdremonjob). Ah tout de suite, quand on parle de votre argent, vous êtes plus attentifs. Gare à la descente de speed !
Moi je vous le dis, marketeurs et communicants de France et de Navarre, endossez votre gilet jaune et rejoignez les rangs avant qu’il ne soit trop tard.
je t’aime où un truc dans le genre.
merci